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Les couleurs d'une tapisserie

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Message  Mirabelle Des Aulnaies Mar 17 Sep - 1:11

Mirabelle Des Aulnaies
"Parce qu'un "Des" vous rend ostensoirement plus populaire"

L'index de la gouvernante vint remonter le menton de la jeune femme. Tournant la tête légèrement vers la gauche. Les longs cheveux de la jeune femme descendaient en cascade sur ses épaules. On lui demandait de rester immobile. De ne pas sourire. On lui pinçait les joues, on la peignait de fards et autres maquillages. On la coiffait, d'abord un chignon, ensuite des nattes construites autour de son minois. Pour finalement laisser les mèches redescendre comme une triste fontaine, de part et d'autres de son aride carcasse. Tristement maigre, tristement pâle. Et là, une fois la position jugée satisfaisante, le modèle devait rester immobile des heures durant, pendant que le peintre capturait "son âme" du bout du pinceau. Troublé, l'artiste avait recommencé de nombreuses fois ses croquis. Il n'arrivait pas, disait-il, à trouver quelle émotion habitait la jeune créature. L'émotion était très importante, car selon lui, c'est ce qui aiderait Madame Des Aulnaies à marier sa fille. Mirabelle obéïssait aux caprices de sa mère sans faillir. Aucun soupir ne s'échappait de sa bouche, aucun faux mouvement. L'immobilité à son essence la plus simple. Elle observait, de façon très pragmatique, toutes les simagrées que faisait le voleur d'image alors qu'il s'efforçait d'arrache pieds à traduire l'arôme visuel de son visage.

Intérieurement, la pucelle ne songeait qu'au moment où elle pourrait retourner à sa chambre. Elle avait le profond désir de poursuivre d'apposer le fil pourpre sur la nouvelle broderie qu'elle confectionnait pour sa robe destiné au banquet qui clôturerait la fête de la moisson. Mirabelle y avait fait un très joli motif d'entrelacs avec des dégradés de couleurs sombres, sur une robe aux tissus légers. La jeune femme y travaillait depuis des mois, maintenant. Ses points étaient maladroits, mais elle se contentait de reprendre le travail tant que la qualité du détail n'était pas harmonieux. Dans les broderies y avait été ajoutés de jolies perles de lapiz lazuli qui rehaussaient le sombre de son regard bleu.

Une main chaude vint se glisser à la nuque de notre copieux personnage. Elle leva le regard vers le sinistre personnage qui se présentait à elle. Monsieur Des Aulnaies lui adressait un sourire sec, tout autant que son aspect froid et rachitique. Le vieil horloger était reconnu pour sa précision, sa discrétion ainsi que l'efficacité de son travail. Non seulement avait-il confectionné les horloges à ressorts de la moitié des bourgmestres et duchés de la partie nord de la capitale, mais avait aussi, pour des nobles de plus grande qualité, préparé des coffres à combinaison. Ses serrures étaient reconnues par delà le hameau qui l'avait vu naître et c'est ce qui l'avait emmené à être nommé comte. Sa femme l'avait honoré d'un garçon et d'une fille. Baptiste était marié depuis deux ans, déjà. Sa femme était déjà grosse de son second enfant. Il faisait la fierté de Monsieur et Madame Des Aulnaies. Mirabelle, elle, refusait toute approche des jeunes hommes qui se présentaient à elle. Sans être une beauté fatale, elle avait une timidité qui savait éveiller chez les damoiseaux une réelle curiosité. Madame Isabel Des Aulnaies désespérait à la voir épousée et quitter la demeure familiale, sentiment qui n'était pas partagé par Monsieur Cyril Des Aulnaies, son époux. La situation créait de nombreuses échaudées sur l'oreiller du vieux couple, qui se terminait par une femme frustrée qui dormait dans un lit froid, absent de son mari.

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Le tableau fut accroché dans le boudoir de la maison. C'était le lieu par excellence où l'on conviait clients et invités pour fumer et discuter de part et d'autre alors que les domestiques organisaient les réceptions ou rangeaient après quelques festivités. Le peintre avait sû capturer le moment précis où Mademoiselle Des Aunaies avait eu contact avec son père. Cet instant particulier où le regard de la jeune femme s'était animé d'un éclat, où il avait prit vie. Il faut avouer que la relation entre ces deux éminents personnages était d'un complexe à en faire pâlir quelques uns des plus avertis.

Il en était ainsi.

"Tic, tac... Tic, tac... Tic..."

À chaque déclic, l'aiguille s'enfonçait dans le tissus blanc. Les points devaient être bien serrés pour assurer la solidité de la tunique. Mirabelle ne supportait pas qu'un point soit désenligné des autres, et son travail fin et minutieux devenait d'une lenteur affreuse tant elle était appliquée à l'ouvrage. Les lèvres pincées, une boucle vint refermer le noeud de l'ouvrage. D'un geste doux mais précis, le fil fut coupé. Cyril abaissa sa main sur les cheveux de la jeune femme. Il ne portait qu'une paire de braies et ses longs cheveux pâles étaient défaits et retombaient en cascade sur ses épaules. D'un geste méthodique, l'horloger apporta quelques mèches à son nez pour en humer l'odeur. La jeune femme se tenait immobile, la tunique en main. La proximité entre père et fille était si fine qu'on aurait crié au scandale au premier regard. Mais dans l'étroite tour où la demoiselle Des Aulnaies s'installait pour pratiquer son art, les nombreuses marches à franchir pour s'y rendre faisaient un vacarme suffisant afin de distraire les gêneurs. Ainsi il était régulier que le maître du domaine s'y rende afin de faire repriser quelques chemises ou vêtements qui furent abîmés lors de confections complexes.
Mirabelle Des Aulnaies
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Date d'inscription : 17/09/2013

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