Les sept voies
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Les sept voies
Bien maigre était la bibliothèque de Madrigal, pourtant ce fut dans ce seul endroit de culture qu'un barde pouvait inscrire sur le papier les émanations de sa pensée. C'est ainsi, les-quelques erres peuplant le lieu de savoir pouvaient, si ils le désiraient, plonger leur esprit dans les turpitudes d'une sombre et vitaliste sagesse nordique.
Premier folio a écrit:[...]Il est des temps immémoriaux où les dieux marchaient parmi les hommes, où les femmes enfantaient la descendance des déités, où chaque être le cruor sacré coulait. Cet age est entré dans son ultime phase de décadence, car les hommes se sont accouplés au porcs, et révèrent d'autres maîtres.
"Ainsi, alors que le Crépuscule de la Création et son divin holocauste ne sont pas encore advenus, les fumeroles de mon esprit couchent leurs suies grisâtres sur l’éclatante candeur de ce fragment de parchemin. Éphémères pensées transformées à l’éternité scripturale. Qu’elles reposent en paix, car celles qui sont destinées à la postérité."
Skjorvar, Scalde des Terres Septentrionales [..]
Dernière édition par Skjorvar [Huscarl] le Mar 10 Sep - 21:19, édité 1 fois
Skjorvar [Huscarl]- Messages : 43
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Re: Les sept voies
A la taverne, quelques temps après l'aube, sur une table les miroitements de l'astre diurne laissaient entrevoir dans la pénombre un autre folio.
Second folio a écrit:[...] Parfois pour ne point laisser son âme errer dans les dédales démentiels d’une ritournelle éternelle, il semblerait qu’il convient d’abandonner quelques instants de temporalité afin de noircir quelques feuillets immaculés. Noircir, écrire, pour mieux se souvenir... Se souvenir, « la souvenance plutôt que la démence ».
Ce fut sous les auspices d’une blafarde clarté de l’astre nocturne que l’indicible Dame fit de moi ce que je suis. S’immisçant dans la soie de ma couche, elle marqua dans ma peau l’emprunte de son baiser crépusculaire. Le fil de ses lames venaient de déflorer le derme de mon cou, deux ravissantes lèvres pourpres s’y dessinaient déjà. D’un imperceptible bruissement, elle pénétrait encore un peu plus la subtilité de mes chairs. Frayant ainsi un fin chemin aux fluides sanguins, les laissant s’écouler dans un merveilleux filet rougeoyant. Mes vêtements tout autant que mes yeux se gorgeaient de ce spectacle aux éclats carmin.
Puis, les deux petites lames prisent d’un toujours plus ardent désir, embrassèrent mon artère d’une fougue tranchante. Ce baiser de mort, laissa ainsi à mon sang libre court à ses penchants libertaires, lui permettant de ruisseler sur ma peau laiteuse. Cette lancinante caresse, plongea mon être dans une ivresse encore plus profonde. Si les turpitudes de cette euphorie semblaient sur le point de parvenir à leur paroxysme, il me fallait remercier la prodigieuse Dame qui me les prodiguait…
Car, sans Elle toute la volupté qui me poignait en aurait été absente. Je me remémore encore chacune de ses expressions d’horreur, chacun de ses hoquets de stupeur, chacune de ses larmes de culpabilité. Mes réminiscences me laissent encore humer l’odeur épicée de sa peau parcourue de sueurs froides. Mon esprit est encore embrumé tous les détails sensuels de cette étreinte lascive, ma mémoire semble figée dans une persistance de tout mes sens saturés…
Au travers sa détresse, lisais dans son regard son âme se combler d’un vide grandiose, tout son être spirituel se nimbait d’une aura sacré. Tandis je m’enfonçais dans les tréfonds abyssaux de mon agonie, se consumait en Elle la stupéfiante puissance du crime. Un crime d’une perfection et d’une simplicité absolue, un crime sans appel, un crime dévoué par passion…
Au moment fatidique, je sentais nos âmes se lier, se sceller une fraction d’instant, et atteindre cet état de grâce…. Toucher au sublime…
Puis vînt le temps de l’éveil. Sensation fugace, déjà le désir de me dissoudre en elle me brûle l’esprit. Qui suis-je ? [...]
Skjorvar, diatribe des bituriges
Skjorvar [Huscarl]- Messages : 43
Date d'inscription : 25/08/2013
Re: Les sept voies
Pour conclure la première série, un dernier folio baignait dans un creux humide d'une pierre du parvis du temple de la cité.
Trois folios égarés en une nuit, trois textes livrés aux regards indiscrets. Trouveront-ils lecteurs ? Ou sombreront-ils à nouveau dans le néant ?Troisième folio a écrit:[...] Un siècle passé dans les profondeurs abyssales d’un silence mortuaire ne peut étouffer les clameurs sempiternelles d’une guerres éternelle. Les cités sont emplies de cimetières ou de misérables créatures pleurent de ne pouvoir relever leurs enfants perdus. Leurs odes funèbres me content les profondeurs des limbes du temps, et vient avec elles la splendeur tragique d’une nouvelle « Grande Guerre ». Quel délice que d’entendre ces âmes nostalgiques ne cesser de commémorer ses effets tragiques, et regretter le massacre des innocents. Pourtant, cette nouvelle guerre fut-elle réellement unique ? De toute mon existence, la Guerre ne fut que cette cruelle vipère à la langue tachée de sang, qui vient embraser des esprits échaudés de ses calomnies empoisonnées. Son verbe aussi tranchant que les lames, fait éprouver les lances contre les boucliers, laissant l’acier jubiler des chairs… Et faire couler le sang... Liqueur de l’Esprit toujours versée en sacrifice pour la sanctification d’une Cause. N’est-ce point la guerre qui sanctifie la bonne cause, et non l’inverse ?
Je suis courte folie, ou embrasement de l’âme, mais pourtant il en faut toujours une cause pour m’enflammer. Qui suis-je ? [...]
Skjorvar, Hypomnémata auditive
Skjorvar [Huscarl]- Messages : 43
Date d'inscription : 25/08/2013
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