Décantation des sept vertus.
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Décantation des sept vertus.
Humilité
Ils étaient deux fervents.
Les coeurs à l'unisson, battant.
Les voeux sacrés les liant.
Mais s'aimaient-ils, vraiment.
"Mes parents, m'avait-on dit, m'avaient laissé Glorieux Héritage. Un devoir, une destinée, et un arc de bois ancien et ambré. Ils vivaient, vivent, et plausiblement vivront encore, taillés pour le combat au nom de la foi. Mais pour que vive le Devoir, le soi, dit-on, doit mourir. Ainsi, d'eux, je n'eus qu'un nom, évoquant le pourpre mais plus proche de l'écarlate, dont découlait soit disant le destin. Devoir accompli que j'étais de perpétuer le sang, on n'eut plus cure de moi que d'une obligation réalisée.
Je me souviens des hautes herses, du monastère de situé aux abords de la Capitale des Capitales, de ce qu'on m'avait toujours présenté comme le centre du monde.
Dans ses jardins clos, quelques timides oiseaux s'aventuraient parfois, avant de s'empresser de repartir, comme ils étaient venus. Dans l'ombre des herses, rares étaient les fleurs qui s'épanouissaient, sur les lierres et sur le parterre du cloitre, comme rendues timides, par le lieu austère.
On préférait la culture des choux à l'entretien de plates-bandes, rendant le jardin digne de l'humilité que l'on pouvait exiger, d'un lieu monastique et de ceux y vivant. L'enclave de pierre sombre fleurait l'austérité, et se prêtait au sacrifice requis, de ceux y vivant.
Dans l'enceinte de pierre grise, parfois, du mouvement. Ce qui aurait pu être une volée de moineaux égrillards battaient le pavé, des gamins, le pas lent et les lèvres scellées, surveillés de près par une nuée d'yeux au couleur d'acier.
Ils s'échinaient, aux corvées qu'on leur assignait, entre les prières s'étiolant de l'aube aux vêpres, dont la journée était rythmée. S'ils ne pliaient sous l'ordre et le Verbe, il était dit qu'on les y rompait, ou qu'ils s'y brisaient. Dans l'enclave grise, sur la terre noire, on leur accordait une trêve parfois, pour leur imposer quelque exercice, voire, selon l'âge, des passes d'armes, destiné à faciliter l'accomplissement éventuel de ses Impénétrables Voies, pourtant dictées par les hommes.
Gamins dont l'innocence n'avait jamais existé, car nécessité fait loi, seraient gardiens de la Foi, garants des Vertus, ou ne seraient pas. "
Ils étaient deux fervents.
Les coeurs à l'unisson, battant.
Les voeux sacrés les liant.
Mais s'aimaient-ils, vraiment.
"Mes parents, m'avait-on dit, m'avaient laissé Glorieux Héritage. Un devoir, une destinée, et un arc de bois ancien et ambré. Ils vivaient, vivent, et plausiblement vivront encore, taillés pour le combat au nom de la foi. Mais pour que vive le Devoir, le soi, dit-on, doit mourir. Ainsi, d'eux, je n'eus qu'un nom, évoquant le pourpre mais plus proche de l'écarlate, dont découlait soit disant le destin. Devoir accompli que j'étais de perpétuer le sang, on n'eut plus cure de moi que d'une obligation réalisée.
Je me souviens des hautes herses, du monastère de situé aux abords de la Capitale des Capitales, de ce qu'on m'avait toujours présenté comme le centre du monde.
Dans ses jardins clos, quelques timides oiseaux s'aventuraient parfois, avant de s'empresser de repartir, comme ils étaient venus. Dans l'ombre des herses, rares étaient les fleurs qui s'épanouissaient, sur les lierres et sur le parterre du cloitre, comme rendues timides, par le lieu austère.
On préférait la culture des choux à l'entretien de plates-bandes, rendant le jardin digne de l'humilité que l'on pouvait exiger, d'un lieu monastique et de ceux y vivant. L'enclave de pierre sombre fleurait l'austérité, et se prêtait au sacrifice requis, de ceux y vivant.
Dans l'enceinte de pierre grise, parfois, du mouvement. Ce qui aurait pu être une volée de moineaux égrillards battaient le pavé, des gamins, le pas lent et les lèvres scellées, surveillés de près par une nuée d'yeux au couleur d'acier.
Ils s'échinaient, aux corvées qu'on leur assignait, entre les prières s'étiolant de l'aube aux vêpres, dont la journée était rythmée. S'ils ne pliaient sous l'ordre et le Verbe, il était dit qu'on les y rompait, ou qu'ils s'y brisaient. Dans l'enclave grise, sur la terre noire, on leur accordait une trêve parfois, pour leur imposer quelque exercice, voire, selon l'âge, des passes d'armes, destiné à faciliter l'accomplissement éventuel de ses Impénétrables Voies, pourtant dictées par les hommes.
Gamins dont l'innocence n'avait jamais existé, car nécessité fait loi, seraient gardiens de la Foi, garants des Vertus, ou ne seraient pas. "
Morague Argamane, Euren- Messages : 565
Date d'inscription : 20/10/2012
Re: Décantation des sept vertus.
Valeur
Ils étaient beaux, ils étaient bons
Ils paraissaient anges, faits perfection
De la pureté, semblaient parangons.
Dommage, que l'apparence soit illusion.
"Le Saint-Siège est, au sein de l'auguste Empire, un lieu de merveilles. Malgré les promesses d'humilité, respectées dans les milieux clériaux humbles, ou monastiques, le faste des cathédrales, des chapelles, des couvents et voire des palais du Saint-Siège contraste, profondément, avec ce voeu de rudesse existentielle, prêché de toute part. Un voeu qui se faisait... relativement pieux.
Mon premier mandat comme Gardienne de la Croix s'y déroula. Je devais y veiller aux bien-être, et à la protection de jeunes prêtres et prêtresses, ainsi qu'à certaines nonnes, pour la plupart anciennes nobles ou aristocrates, que le veuvage ou que la disgrâce avaient contrainte au retrait de la vie publique et des affaires de ce monde.
Depuis longtemps, on nous avait expliqué que leur innocence, leur pureté, était garante de leurs pouvoirs divins, de leur sagesse ingénue et innée, conférés par la force positive, lumineuse de l'Unique.
On m'avait parlé, qu'au saint-siège, le jour s'était fait éternel, et malgré le coucher du soleil, m'avait-on dit, la Lumière ne le quittait jamais.
Je découvris pourtant, parmi ces fils et filles de la bourgeoisie et des gens d'importance, pourvus de toges pâles, aux yeux d'azur, à la parole d'airain, les jeux de dupes que les innocents n'ont pas. Empressés ils étaient, à montrer leur valeur, et devant les instances les plus hautes, à bien paraître. Leur entreprise était, dans l'ensemble, couronnée de succès. Les vices, si nombreux soient-ils, étaient toujours perpétrés sous le couvert de vertus.
Les yeux de biche de l'ingénue prêtresse, aux interminables cils, servaient à séduire. Si délicate, si belle, si pure et gracieuse, on vantait sa piété, et pour cause, posant souvent genou à terre. On vantait son humilité : des hauts-clercs aux garçons d'écurie, tous pouvaient l'approcher. Et on ne pouvait pas lui reprocher de n'avoir sens du sacrifice, impossible de trouver plus prompte, à donner de sa personne.
Le verbe du clerc était affuté, faisant pencher la balance tantôt pour apaiser, tantôt pour châtier. Manoeuvrant les coeurs comme le timonier manoeuvre sa barque, il appelait avec succès la générosité, vendant les grâces divines, sous forme d'indulgences. Dommage, que derrière lui, les troncs se retrouvaient vides. Mais vous savez ce qu'on dit... charité bien ordonnée. Sa compassion l'incitait, disait-on, à soulager autrui du poids qui lui pesait. Quand bien même dusse-t-il, être sa bourse.
La roide nonne, mûrie d'expérience et de sagesse, était dite juste, et disait on que d'un coup d'oeil, elle triait bon grain de l'ivraie. Juste était-elle, et à un point tel, que ceux qui lui paraissaient avoir fait injustice, avaient fâcheuse tendance à disparaitre, saisis promptement par les infernaux cerbères de Bersarak, pour devant lui comparaitre.
On m'avait présenté un havre divin, où l'ombre ne portait pas. Je trouvai au contraire, que la lumière crue du lieu, sur les murs de marbre immaculé, ne projetait que des ombres plus colossales. Je trouvai, plutôt, une cour agitée d'intrigants, dont le souverain gardait un mutisme parlant.
J'étais mandatée, pour protéger l'innocence, de ces gens là. Mais comment protéger, l'oiseau qui depuis longtemps s'est envolé. "
Ils étaient beaux, ils étaient bons
Ils paraissaient anges, faits perfection
De la pureté, semblaient parangons.
Dommage, que l'apparence soit illusion.
"Le Saint-Siège est, au sein de l'auguste Empire, un lieu de merveilles. Malgré les promesses d'humilité, respectées dans les milieux clériaux humbles, ou monastiques, le faste des cathédrales, des chapelles, des couvents et voire des palais du Saint-Siège contraste, profondément, avec ce voeu de rudesse existentielle, prêché de toute part. Un voeu qui se faisait... relativement pieux.
Mon premier mandat comme Gardienne de la Croix s'y déroula. Je devais y veiller aux bien-être, et à la protection de jeunes prêtres et prêtresses, ainsi qu'à certaines nonnes, pour la plupart anciennes nobles ou aristocrates, que le veuvage ou que la disgrâce avaient contrainte au retrait de la vie publique et des affaires de ce monde.
Depuis longtemps, on nous avait expliqué que leur innocence, leur pureté, était garante de leurs pouvoirs divins, de leur sagesse ingénue et innée, conférés par la force positive, lumineuse de l'Unique.
On m'avait parlé, qu'au saint-siège, le jour s'était fait éternel, et malgré le coucher du soleil, m'avait-on dit, la Lumière ne le quittait jamais.
Je découvris pourtant, parmi ces fils et filles de la bourgeoisie et des gens d'importance, pourvus de toges pâles, aux yeux d'azur, à la parole d'airain, les jeux de dupes que les innocents n'ont pas. Empressés ils étaient, à montrer leur valeur, et devant les instances les plus hautes, à bien paraître. Leur entreprise était, dans l'ensemble, couronnée de succès. Les vices, si nombreux soient-ils, étaient toujours perpétrés sous le couvert de vertus.
Les yeux de biche de l'ingénue prêtresse, aux interminables cils, servaient à séduire. Si délicate, si belle, si pure et gracieuse, on vantait sa piété, et pour cause, posant souvent genou à terre. On vantait son humilité : des hauts-clercs aux garçons d'écurie, tous pouvaient l'approcher. Et on ne pouvait pas lui reprocher de n'avoir sens du sacrifice, impossible de trouver plus prompte, à donner de sa personne.
Le verbe du clerc était affuté, faisant pencher la balance tantôt pour apaiser, tantôt pour châtier. Manoeuvrant les coeurs comme le timonier manoeuvre sa barque, il appelait avec succès la générosité, vendant les grâces divines, sous forme d'indulgences. Dommage, que derrière lui, les troncs se retrouvaient vides. Mais vous savez ce qu'on dit... charité bien ordonnée. Sa compassion l'incitait, disait-on, à soulager autrui du poids qui lui pesait. Quand bien même dusse-t-il, être sa bourse.
La roide nonne, mûrie d'expérience et de sagesse, était dite juste, et disait on que d'un coup d'oeil, elle triait bon grain de l'ivraie. Juste était-elle, et à un point tel, que ceux qui lui paraissaient avoir fait injustice, avaient fâcheuse tendance à disparaitre, saisis promptement par les infernaux cerbères de Bersarak, pour devant lui comparaitre.
On m'avait présenté un havre divin, où l'ombre ne portait pas. Je trouvai au contraire, que la lumière crue du lieu, sur les murs de marbre immaculé, ne projetait que des ombres plus colossales. Je trouvai, plutôt, une cour agitée d'intrigants, dont le souverain gardait un mutisme parlant.
J'étais mandatée, pour protéger l'innocence, de ces gens là. Mais comment protéger, l'oiseau qui depuis longtemps s'est envolé. "
Morague Argamane, Euren- Messages : 565
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