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Missive pour Lily

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Message  Minuit Del Hom, Euren Dim 28 Juil - 17:43

La lettre, d'un papier de simple facture, était rédigée avec une calligraphie soignée et pliée avec délicatesse. Aucun rebord ne dépassait et nul nom n'indiquait explicitement l'écrivaine. Cela dit, elle aurait du arriver à sa destinataire il y a déjà bien longtemps…



De par le monde j’ai cherché ma destinée. J’ai menti, pillé, ruiné celle d’autrui pour m’approprier ce qui me semblait être la vie parfaite. Ce n’est que par un matin humide que dans le jardin de mes envies une abeille m’a bourdonné à l’oreille :

Je te promets de la douceur
La chaleur d’un être aimant
Pour qui battra ton cœur

Je te promets une ribambelle d’enfants
Des rires jaillissant de leurs sourires
De petits bras qui viendront croiser les tiens

Je te promets que mourir
Sera en dormant le ventre plein
L’âme en paix partira ton cœur content

Je te promets une plume tenace
Qui par son virtuose survivra au temps
Et sera reconnue même des plus sagaces

Je te promets que l’avenir
Sera blanc, dans l’arrière-cour
T’envieront tant ces tristes sires

Qui promettrons que j’ai usurpé ton tour
Afin de t’enivrer d’espoir
Mais qui croiras-tu en ce jour
Toi qui ne m’est qu’un conte d’un soir.


Et elle enfonça son dard dans mon cou. La pénétration fut douloureusement longue ; véritable calvaire. Le rosier devant moi étant fané. Seules les épines, ces vierges offensées par la beauté de leur protégé, résistaient au froid qui lentement infiltrait ce mois d’août. Le ciel grisonnait, les cigales migraient vers une dimension plus clémente que la mienne. Le vertige me prit. En peu de temps, l’herbe se consuma dans une odeur de solitude qui faisait de cette peine une véritable euphorie. Je flottais dans le rêve ; me noyait dans l’éternité du cauchemar. L’abeille avait mentie ; je mourrais aujourd’hui.

Après une existence à souffrir pour vivre, j’avais fait de mon temps un coup de vent. Me riant des secondes qui passaient tête basse ; tournant les pouces pour mieux digérer ces heures qui affaiblissaient mon tympan à coup de clochette. Gaspillant mes jours à somnoler et mes nuits regretter, je devenais ce que je cherchais à éviter. Faut-il croire que j’ai trop vécu, ou pas assez, et que mon heure appartenait à cette destinée qui m’épuise.

Qu’elle vienne donc me chercher cette vieille connaissance ! C’est dans les pires moments qu’on reconnaît ses meilleurs ennemis. Petite Lily aux lèvres froides, mon front, vient baiser. Glace mon cœur de pierre, fait éclater l’envie qui ronge cet optimisme fantoche que j’ai imaginé sans parvenir à y croire. Un cadeau empoisonné que cet amour. Tu m’as longtemps convoité, je t’ouvre à présent mes bras. Nous gouvernons, l’ancien comme le nouveau, ces mondes de pitié et d’amour où tous suivent le fil que Bersarak a tressé pour sortir indemne du dédale qu’est l’existence sur ces pauvres terres. J’ai coupé le mien et celui de bien des gens, en suis-je pour autant perdue ? Tu m’as remise sur le droit chemin. Gauchement certes, ton appel a discordé de toutes les atrocités que mon oreille avait assourdies lâchement. Met ton petit gilet rose, je mettrai ma robe blanche tachée de sang qui me rend immortelle.

La dure labeur doit cesser, ma plume n’écrit plus que pour toi, petite Lily. Il ne reste qu’une porte à franchir pour m’arracher de cette torpeur paralytique qui emplit mon corps tel le venin qui parcourt ma carotide et qui enivre mon cerveau. La raison doit mener ce combat seule. Mon camp est déjà choisi ; près de toi. Mon art, mon nom, mon amour, ne sont d’aucun secours dans une lutte dont les dés sont jetés dès la naissance.

Je ne vivrai que sans toi et mourrai en cet instant cajolé par la faucheuse qui fera de toi ma nouvelle enfant.

Lorsque mes yeux reverrons ce rosier, il sera en fleur et violé de toutes parts par l’abeille qui jouira de sa victoire face à la poète. Ne pleure pas, je retiendrai mon souffle pour que ton destin soit délié du mien.

*trait ressemblant à une vague*

Minuit


Dernière édition par Minuit Del Hom, Euren le Jeu 1 Aoû - 22:28, édité 1 fois
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Message  Alice, Euren Dim 28 Juil - 18:51

Assise à dos d'arbre, elle observait la longue lettre défiler entre ses doigts.  Ses yeux, ils avaient du mal à suivre les mots.  Elle lisait ce qu'elle lisait mais ne comprenait pas tout le temps.  D'abord, elle lisait un conte, une histoire de celles que la Dame lui avait promis de lui faire lire.  Après, elle lisait un poème, dont les mots et le message ne pouvait faire autrement que de l'interpeller, la frimousse incertaine mais curieuse.

Ensuite, qu'est-ce qu'elle lisait ?  Honnêtement, elle en savait fichtrement rien.  Les deux premiers paragraphes l'avaient ramenée vers l'histoire et le conte du tout premier, mais quand son nom intervenait dans l'histoire, elle avait été égaré.  Qu'est-ce que c'était ?

Est-ce qu'elle avait été rendue malade par une abeille ?  Elle avait été piquée, et depuis, c'était tout naze ?

Blottie de confusions et d'incompréhensions, elle roula la lettre à nouveau, l'oeil tout incertain, et parcourra les rues à la recherche de Dalzel.  Peut-être qu'il comprendrait, lui, parce que elle... elle était perdue.
Alice, Euren
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