Une bafouille adressée à Zsuzanna

Skjorvar [Huscarl] Mer 11 Sep - 17:17

Un morceau de parchemin de piètre qualité fut envoyé à Zsuzanna. Le contenu et la graphie malhabile se dévoilaient dans leurs plus simples appareils :

Alors que les champignons sacrés forment des cénacles au sommet des mottes limoneuses, puisant ainsi leur pouvoir vénérable de la terre nourricière, n’en est-il pas de même pour ceux que l’on nomme « scalde » ? Cette interrogation, il me faut te la poser... Car en effet, voilà bien des lunes que le destrier des flots me destitua de sa croupe pour me faire heurter le sol des plages de votre cité. Bien des révolutions diurnes se dessinèrent dans la voûte céleste depuis que je fus foudroyé par une lance divine ; lance que les dieux me jetèrent pour les avoir implorés par de futiles chansonnettes. Bien plus encore lointaine la réminiscence de lorsque mon corps et mon esprit furent arrachés, déracinés de mes terres du nord. Terres du nord, terres nourricières qui pourtant souffrent désormais de l’aridité d’un sol stérilisé par les prêches empoisonnés des missionnaires de l’Unique. Ainsi, Egérie des Muses de ces contrées, dis-moi, sur quel fermant tourbeux puis-je en cueillir ma subsistance ? On te dis mécène des arts, est-ce vrai ?

Skjorvar

Zsuzanna, Loriel Mer 11 Sep - 17:58

Lorsque les vents nous sont contraires,
Que les embruns fouettent tels des lames,
Et l'ignorance plus cruellement nos âmes,
D'entre les lèvres de missionnaires...

Ne nous reste plus que nos mots
Pour conter les printemps d'autrefois,
Les rires et les chants d'avant leur Foi,
Et pour un temps oublier nos maux.

Immortels les accords d'une Lyre,
Même lorsque claque la corde d'un arc.
Immortelle l'histoire du patriarche,
Même lorsque sa vie s'éteint sous leurs tirs.

Scalde, ma porte vous est ouverte.
J'ai tant de vos légendes à apprendre,
Tant de ces exploits à comprendre,
Que ce ne serait mécénat à perte.

Zsuzanna

Skjorvar [Huscarl] Sam 14 Sep - 23:58

Égide des Arts,

Sans doute qu'en votre qualité de d'amante de la Culture vous n'ignorez pas qu'en d'autre temps tous les êtres de ce monde embrassaient la toute magnificence de la création. Ainsi, lors des équinoxes printaniers nombreuses étaient les âmes à se livrer à la célébration de la régénération universelle du cosmos. En effet, lorsque l'astre solaire atteignait son apogée céleste, marquant par là le début des semailles, le verdissement du limon fertile et du renouveau de la vie, des festivités rendaient grâce à ce miracle annuel. Les hommes et les femmes se réunissaient dans les clairières ancestrales ou sous les cascades monumentales pour écouter les légendes millénaires des bardes, s’enivrer des nouveaux brassins, communier avec la faune et la flore, désirer l'esprit autant que la chair, et s'unir les uns aux autres à la tombée du crépuscule. On prétend que lors de ces fêtes tous transpiraient tant et si bien la vitalité que les Dieux eux même marchaient parmi les mortels.

En ces temps de mort, où les adorateurs de l'Unique Dieu nécrosent la moindre parcelle de vigueur, de souffle vital et de volonté de puissance, ne serait-il pas nécessaire de faire jaillir source sacrée qui ne cesse de se tarir ? Car je sais en mon esprit que sans désir de destin, que la source de l'esprit s'assèche.

Bien à vous,

Brulure Céleste.

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