Un paquet remis à Morague Argamane et à Griegor

Amis,

Je crains d'avoir de désagréables nouvelles concernant le malheureux Gérard, cet homme mordu par un canidé.

Alors qu'Antoine nous demanda de déplacer le corps vers le dispensaire afin de poursuivre les soins, un individu masqué et armé de fer fit irruption, nous menaçant. Il prit le corps du pauvre homme et se sauva à cheval vers l'est.

Il nous a été impossible de le suivre ni de quérir du renfort.

Je joins à cet envoi deux choses : premièrement une esquisse de notre agresseur, et deuxièmement une morceau du linceul dans lequel reposait Gérard; vos limiers sauraient assurément en faire quelque chose.

Sachez que je n'aime pas abonder en superstition, mais la pleine lune se lèvera demain. Je crains autant la maladie contagieuse ou que le pauvre ne soit sacrifié sur l'autel de quelques illuminés.

Bien à vous,

Docteur Em

Monsieur de Garthes,

En date de la pleine lune, assurez vous d'avoir Monsieur Griegor, Monsieur Ludovick, en observation, le tout afin qu'ils ne deviennent potentiellement un danger pour eux-mêmes, ou autrui. Le suivi de l'évolution de leur état est primordial. J'en appelle à votre vigilance, concernant leur cas.

Du reste, je mettrai les efforts nécessaires à retrouver cet individu, en espérant que la Garde de Madrigal se mobilise, de même.

Je vous remercie, du fond du coeur, de nous avoir informé.

Morague Argamane.

Docteur de Garthes,

J'accuses réception de vos mauvaises nouvelles.

Serait il possible d'avoir plus de détails quand a la Destination du Voleur ?
Quand vous dites "à L'est" parle t'on directement vers Milror, ou plus loin par le nord est ?

Merci grandement pour la description, le tout passera par la Garde et , espérons le, aidera a retrouver le défunt ainsi que le voleur.
J'espère qu eni vous ou Xellos n'ayez souffert de cette rencontre.

Merci encore

Griegor, Adjudant

Monsieur Griegor,
Monsieur Xellos,

Je crois avoir repéré quelque chose, non loin de l'ancienne mine de la colonie de Minoc. Y rôdaient, dans les ruines parsemées de corps, de nombreux grands loups. Toutefois, nulle trace du corps nous intéressant, mais je peux avoir fauté de repérer le bon, ne l'ayant jamais vu de mes yeux.

Je vous encourage à y faire un tour, sait-on jamais.

Morague Argamane.

« Je vous remets ceci en gage de confiance. Je vous prie de faire preuve également de confiance à notre égard pour traiter le mal qui se serait infiltré entre nos murs.

Quant à nos concitoyens souffrants, les couchettes de nos cliniques ne sauraient les contenir si une crise de démence survient. Je suggère une quarantaine dans les installations d'incarcération.

Docteur Em »

Dossier médical - Gérard a écrit:

Jour 1

La journée est déjà bien avancée alors que le patient nous est confié. Il répond au nom de Gérard.

Il a de nombreuses traces de morsures et de lacérations. Nous avons nettoyé, désinfecté et cousu le tout. C'est conforme avec ce qui nous a été dit d'une attaque par des loups argentés.

Ses signes vitaux sont faibles, mais il récupérera.

Il doit se reposer, nous verrons demain comment son état s'améliore. La nuit sera critique; Antoine est de garde,


Jour 2

L'état de Gérard se serait détérioré au matin levant.

Son pouls est rapide mais régulier. La fièvre est quant à elle particulièrement élevée.

Nous avons fait un gavage important : son appétit semble de retour.

Il est impossible de forcer le repos des muscles sans une démonstration de force acceptable. Le patient se montre résistant aux traitements relaxants, voire même à l'éther.

La suture des plaies est toujours nette. Aucun signe d'infection à ce niveau. Nous ignorons encore ce qui cause les accès d'hallucination et de divagation du patient.

Ses yeux répondent mal à la lumière et il nous adresse la parole de façon laborieuse.

Nous y allons d'un traitement choc contre la fièvre et des mesures préventives contre la rage. J'ai ordonné qu'il soit sanglé à sa couchette. Cela a facilité le prélèvement de quelques fioles de son sang.

Anecdote : un chien m'a suivi un moment au sortir de la clinique. Un bel animal.

Recherches : Les premiers tests sanguins sont négatifs. Aucune réactivité particulière aux bases ou aux acides. Coagulation normale. Je préserve le tout.

On parle depuis l'attaque de malédiction et de lycanthropie. Je pense plutôt à une infection sévère.


Jour 3

Lors de notre absence, Antoine a assisté à quelques nouvelles réactions de notre patient. La nièce d'Antoine serait rentrée dans la clinique suivie de son chat. Le patient ce serait aussitôt éveillé pour pointer hargneusement l'animal dans un mélange de mots incompréhensibles et de bruits gutturaux. Fort heureusement les liens l'ont retenu sur place.

C'est peut-être dû à la fièvre a atteint un nouveau sommet aujourd'hui. La prochaine nuit se fera en suée afin d'aider le corps à stabiliser sa température, après un bain glacé.

Le bain a été particulièrement pénible. Les raideurs musculaires du patient ont rendu l'exercice difficile, à un point tel qu'il nous a été impossible de le déplacer dans la cuve. Nous avons du verser sur le patient des seaux d'eau. Il s'est calmé après environ une demi-heure.

Il a été plus facile de le gaver. J'ai toutefois demandé à Célestine de revoir ses calculs, car il aurait ingéré presque trois fois le gavage normal.

J'ai profité de l'accalmie pour préparer une zone de prélèvement et remplir encore une fois quelques fioles du sang de Gérard.

Les plaies se sont déjà refermées. En fait, elles ne sont presque plus apparentes.

Anecdote : le chien de la veille était présent avec un congénère. Ils m'ont tourné autour des pattes un moment avant de s'en retourner vers les champs.

Recherches : Le nouvel échantillon sanguin est plus épais que celui de la veille et visiblement plus riche. Aucune réactivité particulière. Coagulation plus rapide que le jour précédent, mais rien d'inhabituel considérant tout ce que nous faisons ingérer au patient pour tenter de stabiliser et améliorer son état.


Jour 4

La fièvre s'est stabilisée, mais le sommeil est toujours agité. Les yeux, même convulsés, montre une activité inhabituelle. Le pouls est d'autant plus élevé et irrégulier : le double d'un homme de sa stature normalement.

J'étais persuadé d'avoir rasé hier un espace grand comme ma main sur la cuisse de Gérard afin d'y faire des prélèvements. Je ne retrouve plus cet endroit aujourd'hui. Ma charge de travail me fait peut-être halluciner.

Célestine a encore eut à doubler le gavage aujourd'hui pour observer un état tout juste satisfaisant de satiété. Il a avalé en une fois les recommandations pour une seule semaine.

Le saignement des gencives s'est arrêté. Je crois aussi que quelqu'un a pris l'initiative de lui a faire sa toilette dentaire.

Nouvelle prise de sang et des humeurs.

Anecdote : Au sortir de la clinique, plusieurs chiens errants se battaient afin de se partager les restants de je ne sais trop quel animal.

Recherches : Chose étonnante, tous les échantillons on maturé à des vitesses différentes pour atteindre la même onctuosité, le même poids relatif et la même concentration d'humeur. Le sang évolue de façon pathogène même hors du patient. Il s'agit d'une viralité hors du commun, semblable à la peste.

J'ai pris le risque d'en faire réduire quelques gouttes dans un onguent neutre. J'ai fait un test sur le bras d'un sujet allergique aux chiens : l'effet a été quasi-instantané. Urticaire et réaction épidermique forte.

Je crains de ne devoir me rabattre sur quelques études de mythes et légendes ou de rapports de xénobiologie.


Jour 5

Le patient a été enlevé de force par un homme inconnu qui a menacé Antoine, Célestine et moi-même à la pointe du fer. Il est parti à cheval vers l'est puis vers le nord. J'ai cru apercevoir des chiens à sa suite.

J'ai récupéré les linceuls de Gérard : des limiers pourraient en faire bon usage. J'ai remis le tout aux autorités compétentes.

Nous sommes la veille de la pleine lune. Je crains que des illuminés ne sacrifient Gérard sur l'autel de l'ignorance. Mais je redoute d'autant plus que cette maladie ne soit pire qu'escompté.

Je poursuis mes recherches sur les prélèvements sanguins.

Recherches :J'ai retrouvé un traité rédigé par le professeur Wier, qui traite de la lycanthropie comme un phénomène imaginaire et maladif mais avec des effets physiques. Elle serait intimement liée à la mélancolie et au débalancement des humeurs.

Rien n'exclut toutefois d'autres rituels, dont les remèdes sont divers et mal répertoriés : exorcisme, rituel, voire même un épuisement physique intense qui chasse le loup de l'homme.

Aussi, la température des échantillons semblent avoir augmenté, même si leur environnement demeure inchangé.


Jours 5 et 6

Recherches : J'ai fait quelques tests qui mélangent croyances et médecine.

J'ai du y sacrifier près de la moitié de mes échantillons, mais j'ai balancé la recette suivante qui permet d'éclaircir le sang et de le maintenir dans un état normal, du moins en laboratoire.

- Pour une part d'eau bénite :
- Une pincée de poudre d'argent purgée à l'acide nitrique pour neutraliser le pathogène;
- Deux gouttes de venin de vipère pour affaiblir le corps et l'épuiser;
- Un dixième de part d'alcool pur afin de neutraliser l'aspect mortel du poison et garder les organes au travail;
- Un cinquième d'une infusion concentrée de pavot comme hallucinogène léger et réduire l'agressivité.

- Porter l'eau à ébullition. Intégrer tous les éléments et réduire à feu doux. Retirer tous les sédiments pour garder un liquide clair.
- Injecter au patient près de la morsure/lacération la plus importante après avoir nettoyé la zone. Dans le cadre d'une confrontation directe et agressive, tenter l'injection au niveau du coup ou directement dans l’œil.
- Il pourrait être nécessaire de faire respirer de l'éther au patient avant l'injection.


J'ignore toutefois comment réagira le corps du patient, mais ce sera avec violence. Il faudra donc y procéder dans un endroit contrôlé, sinon l'y transférer rapidement...

Je suis épuisé, mais je poursuis les recherches.

***

Une mise à jour de nos progrès a été faite à damoiselle Argamane, qui confirme avoir trouvé un site qui pourrait être lié à nos affaires en cours. De nombreuses dépouilles joncheraient le site. Je souhaite les récupérer afin d'identifier les victimes et en aviser les familles et proches.

Il nous a également été remis un filet fait de mailles d'argent, ce qui devrait faciliter la contention de sujets plus combatifs.

Après cet entretien, un messager Huskarl me remit une note, menaçant de me tuer si mes recherches se poursuivent. J'y vois là une bonne et une mauvaise nouvelles. La bonne, nous devons être sur la bonne piste pour ainsi les inquiéter. La mauvaise, ils sont en Madrigal. Mais nous avons un plan pour les débusquer. Nous devrons opérer seuls.

*La suite était rédigé de toute évidence par une femme, et les initiales de Célestine étaient en marge*

Émégius est un peu perturbé par les menaces, mais il en a vu d'autres. Cela le conforte de savoir que ses recherches dérangent. Ce n'est pas pour rien que nous avons quitté Tryr, après tout.

Je me suis mise à la concoction d'une crème épaisse pour le corps dont la particularité est de contenir de la poudre d'argent. J'ai simplement modifié la recette familiale du lait de corps de jouvence et y ait ajouté un corps gras et l'argent :

- Une part de vin blanc
- Deux parts d'huile de noix
- Deux parts de cire d'abeille
- Une part de graisse d'ours, fondue et figée par deux fois.
- Une pincée de poudre d'argent

Ceux qui affronteront les loups et autres possibles lycans auront bien mauvais goût, ce qui devrait déranger les créatures. Cet onguent a également la propriété de faire cesser la transpiration des zones où il est appliqué. Cela pourrait tromper l'odorat des loups : nous faisons ainsi d'une pierre deux coups. J'ai dans une bassine de quoi couvrir une dizaine d'hommes lorsque le tout aura bien reposé. Je pense également à en faire la production en tant que produit de beauté! Cela nous aidera à faire quelques économies, nous investissons beaucoup trop dans nos recherches...

Émégius m'a aussi demandé de produire un autre composé à base d'argent. C'est une procédure complexe mais je crois pouvoir y arriver. Ce serait un mélange dangereux si mal dosé, mais je fais confiance à son plan.

Je le vois actuellement travailler à un étrange dispositif : il a scellé une aiguille creuse au bout d'une vessie de porc. Il a dévalisé la boucherie et doit bien en avoir acquis trois bonnes dizaines. Il a plus tôt aspergé Godefroy par erreur en pressant sur la vessie qu'il avait remplie d'eau. Il semble satisfait du résultat... Godefroy semble moins enchanté.

Le sommeil manque et la lune ne cesse de se remplir...

Monsieur de Garthes,

Je ne saurais trop vous remercier, pour ce rapport. J'ai bon espoir, que de concert, nous sachions vaincre l'horreur à nos portes.

Bien cordialement,

Morague Argamane.